Le 14 mars 2024, le parlement de l'État australien de Nouvelle-Galles du Sud a adopté une loi interdisant la nage forcée et les tests d'inhalation sur les animaux. Cette victoire historique fait de la Nouvelle-Galles du Sud la première juridiction au monde à interdire ces deux méthodes de recherche invasives et controversées.
Le projet de loi, connu sous le nom de “Animal Research Amendment (Prohibition of Forced Swim Tests and Forced Smoke Inhalation Experiments) Bill 2023”, a été déposé par la membre du Parlement Emma Hurst représentant l'Animal Justice Party et modifie la loi sur la recherche animale de 1985. L'interdiction découle d'une déclaration de politique générale du Conseil national de la santé et de la recherche médicale (NHMRC) en décembre 2023, dans laquelle il a été décidé de supprimer progressivement le financement de la recherche utilisant ces méthodes à l'échelle nationale. Le projet de loi a été accueilli avec enthousiasme par le député indépendant de Sydney, Alex Greenwich: "Le projet de loi est simple. Il limite l'expérimentation animale ayant des effets négatifs importants sur le bien-être des animaux et pour laquelle il n'y a aucune preuve scientifique”.
Le test de la nage forcée est utilisé dans la recherche sur la dépression depuis les années 1970. Il consiste à placer des rongeurs dans un bac d'eau tiède dont ils ne peuvent s'échapper. Les animaux paniqués tentent désespérément de s'échapper, grattant et griffant les parois de la cuve ou plongeant sous l'eau à la recherche d'une sortie. Les chercheurs mesurent le temps qu'il leur faut pour cesser de se débattre et commencer à flotter, estimant que ceux qui nagent moins longtemps sont dans un état de "désespoir". Cependant, ce test fait l'objet de vifs débats, tant en raison de sa cruauté que de l’extrapolation limitée des résultats de l’animal à l'homme.
Dans les tests d'inhalation forcée, les rongeurs sont immobilisés dans des tubes étroits et forcés d'inhaler des substances toxiques pendant des heures. Cette méthode de recherche controversée est utilisée, par exemple, par un groupe de recherche du Centenary Institute de Sydney, qui force des souris à fumer jusqu'à 12 cigarettes deux fois par jour pendant 18 semaines avant de les tuer.
De nombreuses méthodes non-animales sont déjà disponibles pour étudier le plus précisément possible les dangers potentiels et l'efficacité des substances inhalables. Un exemple est la plate-forme d'essai in vitro développée par VITO, un organisme de recherche indépendant flamand. Cette plateforme utilise la méthode dite d'exposition à l'interface air-liquide (ALI), dans laquelle des cellules pulmonaires humaines sont exposées à des substances en suspension dans l'air. Cette plateforme peut notamment être utilisée pour tester et développer des médicaments, des vaccins, des produits chimiques et des nanoparticules.
"Les tests de la nage forcée et d'inhalation sont incroyablement cruels et non scientifiques. Le projet de loi mettra fin à l'immense souffrance de nombreux animaux. Imaginez que l'on vous envoie de la fumée de cigarette directement dans les narines ou que l'on vous force à nager jusqu'à ce que vous soyez trop épuisé pour continuer. Cette cruauté prendra fin dans cet État et j’espère que d'autres législations suivront à l'échelle mondiale"